L'Évolution Fascinante de l'Industrie des Drones : De la Radiocommande à DJI

Aujourd’hui, quand on parle de drone, tout le monde y  voit un drone DJI, ultra stable, avec 4 moteurs, une caméra de pointe, un prix abordable et la possibilité de l’acheter sur la moitié des sites marchands de la toile.

Cela étant, comme pour de nombreuses inventions, le drone possède une (belle) histoire qui s’étale sur plus d’un siècle. Dans cet article on évoque la guerre, la rivalité et des inventions de génies.

On ne sait pas exactement d’où sort la première radiocommande de l’histoire, en revanche il existe une trace du premier brevet sur le sujet.

En 1898, les anglais Ernest Wilson et Charles John Evans ont déposé une demande de brevet aux États-Unis pour un système de « contrôle sans fil de vaisseaux dirigeables autopropulsés ».

L’idée derrière ce projet est de contrôler des torpilles à distance, notamment depuis un navire (militaire, suppose-t-on).

Disons les choses telle qu’elles devraient être dites : le drone est (encore) une invention militaire.

En 1917 (on est sur la fin de la première guerre mondiale) le français Max Boucher, qui trouvait que les missiles manquaient de précision, pense à un projet insensé : il se dit qu’après tout, un missile, c’est comme un avion, le pilote en moins et avec un peu plus de charges explosives.

A l’aide d’une radiocommande, il réussit le premier vol par « drone » de l'histoire, car à l’époque par drone on entend un avion sans pilote.

N’étant pas un grand fan de guerre, je ne m’étalerais pas plus sur le sujet, mais les travaux de Max Boucher sont poursuivis. Des drones (à savoir des aéronefs qui volent sans pilote à bord) ont été utilisés dans quasiment toutes les guerres qui ont suivis la première guerre mondiale.

Mais que vient faire l’une des plus grandes réussites de Nintendo ici ?

La réponse se tient dans la manette de la fameuse console : la carte mère de la wiimote possède l’un des gyroscopes magnétiques grand public les plus abouti et les plus précis du marché.

Il n’en fallait pas plus pour qu’une poignée de passionnés démontent les manettes, achètent 4 barres de profilé chez Leroy Merlin et fabriquent les premiers drones modernes (c’est-à-dire des quadrirotors, étant donné qu’ils ont 4 moteurs) avec des moteurs d’avions d’aéromodélisme.

D’autres petits malins (on peut parler de nerd à ce niveau) vont également développer le soft qui va permettre de contrôler / piloter facilement les drones, ce soft portera le nom symbolique de « Multiwii ».

Le drone moderne vient de naitre (grâce à une manette de Wii !).

Steve Jobs (son nom vous parle j’imagine…) vient d’avoir un coup de génie : mettre dans la poche de tous les habitants de la planète un ordinateur plus puissant que ceux utilisés par la NASA pour envoyer les premiers hommes sur la lune.

Le premier iPhone sort en 2007 ! Outre la révolution que ce petit objet à été dans nos vies, il a également permis d’améliorer les drones via la miniaturisation des pièces.

Grâce à Steve, on pouvait maintenant agrémenter notre drone Multiwii : d’un GPS, d’un altimètre, de capteur à ultrason, de caméra, etc.

En plus de rendre toutes ces technologies assez petites pour tenir sur un drone, la fabrication en masse des smartphones va permettre de rendre ces pièces économiquement accessibles au public, comme à de nombreux industriels.

Aujourd’hui, un GPS dédié au drone coute environ 20€, une caméra FPV 15-20€, un altimètre moins de 30€… (Vous avez saisi le schéma…).

A l’aide des premiers Arduino certains passionnés d'aéromodélisme vont fabriquer les premiers drones FPV tels qu’on les connaît aujourd’hui (châssis carbone, caméra FPV, etc.), tandis que d’autres vont choisir la facilité et acheter le premier drone grand public de l’histoire : l’A.R. Drone, de la marque Parrot (encore un français ! Quel dommage que l’on puisse être aussi fort pour inventer tant de choses, et aussi nul pour les vendre).

L’Arduino va permettre de réduire considérablement le poids (et le prix) des drones, et par voie de conséquence, leur efficacité.

De son côté l’A.R. Drone sera un énorme succès : 120 mille drones vendus en 6 mois. Comme toute réussite, l’A.R. Drone de Parrot sera copié, dupliqué, amélioré par tous ses concurrents. Le marché moderne du drone vient de naître.

Une petite société chinoise, répondant au doux nom de Da Jiang Innovation (DJI) voit le jour à Shenzen en 2006. La société va d’abord vendre des composants électroniques généralistes, pour ensuite se consacrer exclusivement aux pièces de drones. En 2013, DJI sort son premier drone, développé en interne : le Phantom 1.

Le Phantom sera le concurrent direct du Bebop de Parrot, les deux drones sont sur le même marché : les particuliers fans de photos, les photographes et les vidéastes. Le Bebop utilise sa propre caméra, qui n’est pas si mal pour une caméra embarquée, les premiers Phantom de DJI disposent d’une nacelle adaptée au transport d’une GoPro.

Les deux concurrents se « tirent la bourre » pendant un temps, mais rapidement DJI va se montrer beaucoup plus offensif. Entre 2013 et 2016, Parrot sort le Bebop 1 et le Bebop 2 (qui sera malheureusement obsolète dès sa sortie), là ou DJI sort 4 modèles de Phantom et son fameux Mavic, le premier drone pliable grand public de l’histoire du drone.

2016 marque donc la consécration de DJI, et la fin laborieuse et lente de Parrot, qui abandonnera progressivement le marché du grand public.

Aujourd’hui le département drone de Parrot se consacre aux drones à usage militaire, agricole et industriel, là ou DJI assure sa suprématie sur les marchés des drones grand public et des drones à destination des professionnels de l’audiovisuel (vidéaste, cinéaste, télévision, etc.).

Qui sait ce que l’avenir nous va nous réserver !